
Je suis assis au parc et je surveille mes enfants qui jouent. En face de moi un vieil homme prend le soleil, les yeux clos, le visage levé vers le ciel, capte la chaleur. Ces deux mains sont posées sur le pommeau de sa canne, entre ses jambes. Il est là, inerte, comme un animal à sang froid, un lézard. Il semble appartenir au tout, paisible. Je crois qu'il ne pense à rien, qu'il ne rêve à rien, qu'il est juste là et cela lui suffit. Je pense cela, mais peut-être qu'il songe à des tas de trucs que je n'imagine même pas. Je l'envie, j'aimerais être comme lui, sans attente, en tous cas c'est comme cela que je le vois, solitaire, apaisé. Et puis soudainement il se lève et s'en va, comme si c'était l'heure d'autre chose, peut-être dîner, regarder un peu la télé et se coucher...
Aujourd'hui je suis à nouveau au parc et je lis pendant que mes enfants grimpent, sautent, cherchent des copains. Et puis mon attention s'arrête sur deux, trois mots et je pars dans les cris d'enfants, dans les bruits de voitures, dans les sirènes, je vois le ciel et le haut des immeubles, je suis ailleurs... Quand je reviens à moi, tout le monde est parti, je suis seul, comme sur une autre planète, je prends une photo du lieu, comme un touriste.

Je retrouve ma troupe un peu plus haut, ma fille suspendue, les jambes en l'air sur la tyrolienne, je ravale mes craintes de père, "elle s'amuse", juste le temps de m'asseoir et mon fils se "mange" un gamin qui passe au moment où il s'élance. Souffle coupé, pleurs, je propose de rentrer. Devant les réticences, en bon diplomate, j'offre une crêpe au Nutella et un paquet de cacahuètes grillées. On rentre à la maison, copains comme cochons!

Merci pour cette belle observation.
RépondreSupprimerAvec une telle capacité d'attention, tu te régaleras avec les trois tomes des "Commentaires sur la vie" du philosophe Jiddu Krishnamurti.